Probablement, avec le hall, la plus grande pièce de Giercliff, et pour cause : la salle commune est la salle où les patients passent le plus clair de leur temps, vagabondant entre les colonnes qui la traversent pour tenir la voûte de verre qui donne sur le ciel. Car même si elle est au premier étage, la salle commune fut construite de façon à ce qu'aucune partie du château soit construite au dessus d'elle. Ouverte de sept heures trente à vingt-et-une heures trente, les patients y passent toute leur journée lorsqu'ils ne sont pas en cuisine et qu'ils n'ont aucun membre du personnel pour les accompagner à l'extérieur. Les murs de briques vertes ajoutent à l'endroit, en plus des différentes complaintes qui raisonnent à travers les pièces, un côté extrêmement lugubre. Les patients regardent souvent de travers le vieux piano de bois qui surplombe l'un des murs de la pièce, impossible à utiliser puisqu'un cadenas empêche tout accès au clavier. Alors, ils se contentent de jouer aux échecs, aux dames, sur les quelques tables qui sont installées ici et là, ou de lire, ou d'attendre que le temps passent dans les fauteuils et canapés de velours rouge.

Les murs sont blancs. Totalement blancs. Sauf que le beau blanc clair et luisant, parfois rassurant, rappelant celui d'un hôpital n'est plus là. Il a laissé place à un blanc devenu jaunâtre au fil des années, des siècles, laissant par endroit apparaître le rouge de la pierre ayant servi à la bâtisse. Séparés par des rideaux tout aussi blanc-jaunes, une dizaine de lits est collée au mur, face aux fenêtres si hautes qu'elles ne laissent même pas envisager le décor extérieur à l'hôpital, et chacun surplombé d'un crucifix, mauvais goût pour une institution se disant athée et ouverte à toutes les religions. Tout le monde ayant fait un séjour à l'infirmerie de Giercliff sait bien que c'est faux. Sur les lits, il n'y a qu'un oreiller, et une fine couverture, cachant tant bien que mal les sangles pour poignets et pour chevilles qui se dessinent sous son fin tissu bleu et apparaissent sur les rebords en fer blanc vieilli de la literie. Une simple table de chevet trône à la droite de chacun des lits, servant à rappeler à chaque patient les médicaments qu'il doit prendre puisque ces derniers sont affichés en rang, comme de vulgaires et bien tristes trophées que chacun collecte à son entrée à l'hôpital.

Accrochés aux murs de cette pièce étrangement circulaire, des estrades. Comme un triste observatoire pour tous les membres du personnel désirant assister aux travaux de leurs compères médecins. Au milieu de cette même pièce, vous trouverez une chaise d'auscultation, surplombée d'un immense néon, circulaire lui aussi, qui éclaire et même ébloui chaque patient finissant sur cette chaise. Peu rassurant, à côté se trouve un plateau de métal posé sur des roulettes, surplombé de différents outils médicaux, voire chirurgicaux, qui déclenchent généralement la crainte de celui qui se fait ausculter. Des objets coupants, tranchants, pointus qui n'inspirent aucunement la confiance, mais plutôt la crainte et le désir de fuite chez les patients, et même parfois chez les membres du personnel qui se retrouvent ici. Contre les autres murs de la pièce se dessinent des plans de travail, avec un évier, et surplombés par les différentes armoires où sont rangés les matériaux médicaux et les différents médicaments qui sont gardés à proximité du médecin. Au cas où.

C’est ici que les patients peuvent venir consulter un psychologue ou un psychiatre, ou venir aux rendez-vous qu’ils leur ont donnés. Les psychologues sont là essentiellement pour écouter les patients, et les accompagner tout au long de leur séjour à Giercliff. Ils sont là pour les aider et les soutenir. Les psychiatres les accompagnent également, mais d’un point de vue généralement plus médical. Ce sont eux qui posent le diagnostic à l’entrée des patients, et qui les suivent au fil des jours. Les bureaux se ressemblent beaucoup : un grand bureau en bois trône au milieu de la pièce, avec des chaises situées de part et d’autre de celui-ci. Une armoire est présente pour permettre aux membres du personnel de ranger et classer les dossiers des patients. La pièce est également composée de grandes fenêtres assez allongées, laissant passer la lumière du jour.

La salle de bains commune, ou l’endroit où les patients se retrouvent pour faire leur toilette du matin ou prendre leur douche le soir, par exemple. Si certains sont autonomes, d’autres doivent être accompagnés d’infirmiers. Les murs sont recouverts de carrelage blanc légèrement sali par le temps, et plusieurs baignoires sont installées les unes à côté des autres. Il y a un endroit au fond de la pièce où est entreposée une structure métallique : c’est un passage obligatoire lors de l’entrée d’un nouveau patient. En effet, un examen physique et une douche sont imposés, pour s’assurer que le patient ne cache rien de particulier.

Des étagères. Des livres, des livres, des bandes dessinées, des romans. Un peu de tout. A peu près tout. Des fauteuils isolés pour passer un moment tranquille tout seul avec un livre, ou des canapés rassemblés pour pouvoir être en compagnie d'autres patients. La bibliothèque est ouverte à partir de 7h30, jusqu'à l'heure du couvre-feu, c'est à dire 22h. Les livres doivent être consultés sur place et remis à l'endroit où ils ont été trouvés. Cette pièce est un endroit calme, donc le bruit n'est pas toléré. La bibliothèque est l'un des endroits les plus conviviales du bâtiment.

Cet endroit est tout particulièrement fréquenté par les membres du personnel, plus précisément ceux qui s'occupent de l'entretien de Giercliff. De grosses machines à laver sont entreposées les unes à côté des autres, et permettent de laver le linge des chambres, des patients, ainsi que des différents membres du personnel.