son doux naturel prête à la confidence ; autodidacte, il a appris la guitare et le piano pour sa propre paix ; il n'a pas la moindre curiosité pour ce qui ne le concerne pas ; il ne fait jamais que tout ce qu'on attend ou espère de lui.
GIERCLIFF
par adriel weargraves.
Il lui est encore difficile de l'expliquer. Mais Adriel nourrit le sentiment d'être tout à la fois dépossédé de lui-même et de n'avoir aucun droit d'être ici. Comme s'il perturbait un rouage, ou que les rouages eux-mêmes étaient malavisés. Il sait bien les raisons qui l'ont amené, et qui le gardent, ici. D'une certaine façon, il sait qu'il doit être là. Mais ce malaise pour toujours le dévorer, cette sensation que quelque chose tente de pénétrer sa conscience sans s'affirmer tout à fait... Il ne réalise pas, ou plutôt pas encore, que son émotion corrosive n'est autre que la peur d'avoir franchi la frontière, la limite, la même émotion qui l'y précipite tout en même temps. Ce n'est pas important, bien sûr, car, en vérité, Adriel a trouvé, en ce bas lieu, tout ce qu'il a toujours souhaité : de la vie à sauver de toutes ses forces, jusqu'à ce que ces mêmes forces s'épuisent totalement.
RHODODENDRON
-
CENT ANS
-
OSCAR SPENDRUP
this ain't no place for no hero.
All mad here
Quelque part, sonnent vingt-trois heures quand ses doigts frôlent les premières touches du piano. Il n'entend pas clairement, les tintements étouffés par les notes. Elles sont simples, abusives, et arrachées au piteux instrument. Elles ne résonnent pas juste et doivent être désagréables à l'oreille d'un expert. Mais lui se repose sur la certitude de jouer savamment une partition étalée sous les yeux de son esprit. Lui n'a pas besoin du bon, du bel, accord. Il demande seulement ce silence, délicieusement rompu par le chaos d'une musique infinie. Lui ne demande qu'un court instant à soupirer des chants, la voix brisée, tandis que l'interprète ne s'accorde jamais avec la musique. Ni l'un ni l'autre n'est correct. Mais, l'espace de quelques minutes, ils s'appartiennent et s'éternisent dans le calme de la nuit.
Sa quiétude est brisée quand une main relâche le cadenas sur le bois du piano. « Bouh, dit une voix féminine, qui finit de se dégager sur sa gauche. » Les doigts d'Adriel restent en suspension au-dessus du clavier, le souffle entrecoupé par l'angoisse qui dévale sa colonne vertébrale, et s'y éteint aussi promptement qu'elle s'y était incendiée. Il entrevoit maintenant le doux sourire, tant et si bien qu'il inspire profondément la force de le rendre. « Dans les bonnes grâces de Mr le Directeur ? reprend-elle tandis qu'elle s'appuie contre le mur. » D'abord, il ne répond pas, car il la dévisage. Puis ses lèvres se détachent l'une de l'autre, très lentement : « Disons qu'il me fait la faveur d'un quart d'heure par jour. » Elle frappe doucement entre ses mains, et tout porte à croire qu'elle mime des applaudissements. L'ironie suinte de ces doigts qui la rythment. « Je t'avais bien dit que tu te plairais, ici. » Il hoche la tête, mécaniquement. Il est vrai qu'elle l'a dit. Le premier jour. Lorsqu'il est arrivé. Et qu'elle lui a montré tout l'envers du théâtre. Il se souvient fermement de cette journée, de cette première fois. Il s'en souvient d'autant mieux qu'il mesure, les jours passant, le sentiment qui le quitte peu à peu depuis lors. « Tu es donc jeune, énumère-t-elle, très peu loquace (il ne dit rien, si bien qu'elle poursuit), joli garçon et mauvais musicien. J'ai oublié quelque chose ? » Elle affiche fièrement son allure, ingénue et cependant provocatrice, aussi Adriel se prend-il à sourire. « Je suis un excellent infirmier. » Elle paraît jauger la valeur de sa réponse. « Il est vrai, conclut-elle. Mais tu es surtout seul, et trop sérieux. » Il n'a pas réellement perdu de son rictus, mais il détourne tout de même les yeux. « Tu penses survivre longtemps, par ici, en exhumant ta trouille à force de massacrer un piano ancestral - qui, du reste, n'a rien demandé ? » A présent, il pivote sur le banc, et se tourne un peu mieux vers elle. « Tu fais comment, toi ? » Elle a, soudain, un air sérieux qu'il ne lui connaît pas. Mais cette expression s'évapore tout aussi vite que renaît son sourire. « Je vais te montrer, murmure-t-elle à demi-mots. » Et elle s'approche, les cuisses pour enjamber celles d'Adriel, qui l'enlace sans jamais songer à l'instinct insupportable qui lui commande de refuser. Il est seul. Il est célibataire. Il est d'abord seul, et trop sérieux.
__________
« C'est encore zéro-quatre qui fait des siennes ? » Assis à songer, et dans sa propre chambre, Adriel réprime péniblement le spasme qui lui soulève les entrailles. « Quoi ? » Elle le surprend, mais elle fend tout de même l'espace de part en part, et ramasse un ouvrage, avant de se tourner vers lui. « Zéro-quatre, répète-t-elle. » « Ne l'appelle pas ainsi, répond enfin l'infirmier. » Il comprend, à présent, qu'elle parle d'Esfir, et selon le surnom qu'elle a personnellement choisi dès lors qu'elle a su que l'intéressée ne prononçait jamais un mot, pas même son propre nom. « C'est forcément elle. C'est toujours elle. » Elle l'envisage un moment. Elle ne doute pas un seul instant de son propre, elle les connaît trop bien, lui et son air d'être affecté par tous les maux humains. « Je ne suis pas jalouse, remarque. » « Mais qu'est-ce que tu racontes ?... » Il s'efforce de ne plus faire attention à toutes les répliques dont elle l'accule, mais elle parvient toujours, par un tour de sa fantaisie particulière, à remuer son étonnement. « Dis-le moi, reprend-elle. Elle a refusé de manger ? » Elle feuillette le livre dont elle s'est emparée tandis qu'il répond par la négative d'un bref hochement de la tête. « Elle t'a mordu ? » Elle sourit, mais lui la traverse de son air sérieux. Piquée qu'elle est toujours par ses silences, elle relance aussitôt, et de sa voix enchantée : « Elle t'a mordu et tu as aimé ça ? » « S'il te plait, soupire-t-il en se relevant. » « Très bien, très bien, plaide-t-elle en claquant l'ouvrage entre ses mains. Mais rends-toi compte qu'elle ne parle pas du tout, mais toi non plus... » Comme pour la satisfaire, il garde le silence et attend patiemment qu'elle fasse le choix de se retirer. Elle s'exécute bientôt, non sans s'offrir, encore, une brève interruption depuis le seuil de la chambre : « Elle est spéciale, c'est ça ? Elle te fait quelque chose qu'aucun autre taré de ce haut-lieu ne te fait, hein ? » Il se prend presque l'envie – folle, absurde – d'opiner quand elle poursuit aussitôt : « Un truc qui se passe sous la ceinture et bien au-dessus des genoux ? » Il va pour la fustiger quand elle disparaît dans le couloir, un grand rire pour la suivre dans l'air.
Elle se moque, mais elle comprend fort bien. Adriel n'a pas besoin de lui parler d'Esfir pour qu'elle voit, avec une grande clairvoyance, le profond de son trouble. Indistinct. Vacillant. Et cependant présent. Elle se moque, mais elle est encore la seule savoir que, oui, il l'avoue maintenant qu'il n'y a que lui pour l'entendre : « Oui, elle me fait quelque chose... »
Dernière édition par Adriel Weargraves le Sam 25 Mai - 15:32, édité 2 fois
preums. JHKGKLERGREGEKJ EXCELLENT CHOIX CE SCENARIO. tu vas faire une pire qu'heureuse, elle va carrément te sauter dessus la esfir. oscar est tellement canon en même temps. par contre attention à jill, c'est une folle. /va se cacher far far away. BIENVENUE ICI (et bon courage pour ta fiche, hâte de nous lire tout ça).
Encore un bel infirmier, on est gâté décidément C'est sûr, y va y avoir de l'hystérie dans l'air & comme l'a dit "ma petite bière", fais gaffe à Jill, sauf si ton personnage aime les nymphomasochistessatanistes Bref bref, hâte de découvrir ta plume Welcome here!
Je rêve Il faut pas faire attention aux mecs, ils sont juste jaloux, mais ils osent pas le dire, c'est tout Très bon choix de scénario, et puis il est très canon sur l'avatar, dit donc Bienvenue
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : quelques mois.
ÂGE : vingt-trois ans.
RÔLE : infirmier.
HORS JEU
PSEUDO : rhododendron.
CREDITS : kidd.
MESSAGES : 26
Adriel Weargraves
I-D CARD
IT'S A MAD MAD WORLD RELATIONS: RP: Epha, Jill, (Esfir), Spencer - (blindé pour le moment).
Sujet: Re: Ain't no sunshine. Sam 25 Mai - 11:23
Je reconnais que j'ai décidé de jouer Adriel pour le plaisir d'être persécuté par Jill. Non, d'ailleurs, j'ai vu qu'un autre s'était précédemment inscrit, mais puisqu'il n'est pas connecté et que sa fiche est au point mort, je me suis permis de... Bref ! J'ai très très envie de jouer au gentil infirmier avec Esfir.
vous abusez, fallait le laisser poster deux post, OH. bref, tu as eu raison de t'inscrire puisque l'autre adriel est.. porté disparu, on va dire. ravie de voir ce scénario joué en tous cas. bienvenue à toi, et si jamais, n'hésite pas.
comment il se fait sauter dessus, même pas ses deux posts le pauvre. surtout que c'est mon mien, oh. Aredngapjgria. ça c'est la bonne surprise du samedi. celui qui tenté a effectivement disparu et ne répond pas aux MP, donc tu as champ libre, pas de soucis. je suis heureuse que tu le tentes, et ma boite à MP t'est entièrement dédiée.
IT'S A MAD MAD WORLD RELATIONS: RP: Epha, Jill, (Esfir), Spencer - (blindé pour le moment).
Sujet: Re: Ain't no sunshine. Sam 25 Mai - 15:36
Il ne faut pas les blâmer, je n'avais pas vraiment prévu de mettre deux post (avant de me rendre compte que c'est bel et bien ce qu'il fallait faire, hm).
En tous les cas, je suis ravi d'avoir choisi Adriel, alors merci ! J'ai même déjà fini. Je suis un animal productif, apparemment.
C'est tellement bien écrit, c'est beau, j'adore Tu es vachement productif, effectivement, c'est bien de voir autant de motivation
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : quelques mois.
ÂGE : vingt-trois ans.
RÔLE : infirmier.
HORS JEU
PSEUDO : rhododendron.
CREDITS : kidd.
MESSAGES : 26
Adriel Weargraves
I-D CARD
IT'S A MAD MAD WORLD RELATIONS: RP: Epha, Jill, (Esfir), Spencer - (blindé pour le moment).
Sujet: Re: Ain't no sunshine. Sam 25 Mai - 16:07
Ce n'est pas pour flooder (juré), mais je dois impérativement te dire merci ! C'est très gentil de ta part... surtout que si ça ne t'avait pas plu, j'aurais su pourquoi j'allais me faire ultérieurement cramer la face par tes jolis doigts satanistes.
Je te jure que même si c'était du flood, ce n'est pas grave, parce que je suis miss flood, et j'apparais partout sur le forum Mais non, c'est magique, alors je serais peut-être indulgente avec toi dans un futur sujet ou pas
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : un mois.
ÂGE : vingt-trois ans
TROUBLE(S) : pulsions meurtrières, principalement envers les femmes.