Ses cheveux sont d'une rousseur incandescente depuis qu'elle est enfant. Elle a longtemps subit les moqueries de ses camarades et garde de très mauvais souvenirs de sa scolarité. Elle a commencé à se teindre les cheveux en brun à l'université puis s'est réconciliée avec sa couleur naturelle, bien qu'elle garde les séquelles des quolibets dont on l'a gratifiée : elle souffre de plusieurs complexes physiques et ne supporte pas de voir quelqu'un être subir une humiliation. Sa rousseur a aussi le désavantage d'attirer les regards sur elle. En général, c'est ce qui marque l'esprit quand on la rencontre et ce dont on se souvient en premier lorsque l'on pense à elle.
GIERCLIFF
par alice lydia hall
Enfant, j’étais précoce. Aussi lorsque ma mère et moi avons déménagé en Amérique l’année de mes six ans (mon père s’était suicidé peu avant, nous poussant à changer d’air et de continent), j’étais largement en avance sur les autres. J’ai sauté trois classes en tout. Rousse, couverte de tâches de rousseur, myope comme une taupe, intello et toute petite en raison de mon âge : ma scolarité fut un enfer. J’ai expérimenté avec la dépression et les idées noires pendant mon adolescence, ce qui joint à l’amer souvenir de mon défunt paternel m’a orientée vers le domaine de la psychiatrie. J’ai fait de brillantes études de médecine puis ai été officiellement reconnue psychiatre à vingt cinq ans. Dr. Hall. Ça en jetait pas mal, ma mère était très fière elle aussi (même si elle aurait préféré que je devienne chirurgienne). J’ai consulté dans deux hôpitaux sur près de quatre ans, en addictologie puis dans des troubles plus graves comme la schizophrénie et autres types de pathologies rarissimes et dangereuses. J’ai travaillé en prison, et c’est par ce biais-ci que l’on m’a présentée au directeur de Giercliff. Un de mes collègues en revenait. Il en parlait comme d’une foire aux monstres, se disait soulagé de s’en être sortit en un seul morceau. J’ai toujours été un peu trop curieuse et j’ai fini par prendre le poste que l’on m’a offert. Ça me plaisait assez au départ. Le décor est plutôt coquet et mon bureau assez spacieux, le salaire confortable et la ville agréable (j’y ai d’ailleurs rencontré mon mari). C’est au bout de deux ans et demie que ma perception des lieux à changé. J’ai fais la connaissance un patient, très malade, qui a vite fait un transfert. Il est tombé amoureux de moi, ou du moins c’est ce qu’il pensait, et j’ai commis le plus grand des péchés. Je me suis laissé aller à un moment de faiblesse et j’ai couché avec lui. Une seule fois. Ça a été suffisant pour sceller nos destins. Après que j’ai demandé à ce qu’on lui attribue un nouveau psychiatre, il a pété les plombs. Il est parvenu à s’évader de l’hôpital et à me retrouver le soir même de son escapade. Il s’est introduit chez moi et m’a violée. Alors qu’il menaçait de me tuer, mon mari est rentré et l’a abattu en état de légitime défense. J’ai temporairement quitté mon poste pour me remettre des événements et, si l’hôpital n’est pas au courant de ce qui me liait réellement à mon patient, mon mari l’a deviné et notre relation n’y a pas survécu. Le traumtisme de l'incident m'a laissé avec un cas plutot sévère de PTSD que je cache du mieux que je peux, mais le besoin se fait de plus en plus sentir. Je suis revenue à Giercliff depuis quelques semaines ceci dit, et compte reprendre en charge quelques patients dont je m’occupais avant l’incident. Ils me regarderont sans doute différemment. Tous savent que l’un des leurs a pu me faire subir l’interdit. Je ne sais pas si mes capacités de psychiatre y survivront.
BWB
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CINTIA DICKER
she walks in beauty, like the night of cloudless climes and starry skies, and all that's best of dark and bright meet in her aspect and her eyes
Dernière édition par Alice Hall le Jeu 23 Mai - 21:11, édité 7 fois
Elle marche avec grâce, pourtant pleine jusque à ras-bord de cette dégoutante impression qu’elle part en guerre. En réalité, elle revient sur le champ de bataille, après des mois d’absence. Il n’y a plus que des cadavres, des membres en charpie qui jonchent le sol, même l’odeur de poudre ne vient plus lui lécher les narines : ils se sont débarrassés de son pot-pourri. Le service d’entretien de cet hôpital est terriblement intrusif. Elle s’imagine déjà en train de leur passer un savon, même si elle sait très bien qu’elle n’en a pas grand-chose à faire. Il faut juste qu’elle s’occupe l’esprit, qu’elle se trouve des émotions à ressentir pour éviter de tomber dans le piège que cet hôpital lui tend. Un nid à traumatismes, qu’elle pourrait revivre pour l’éternité si elle ne fait pas suffisamment attention. Il est temps de suivre les préceptes qu’elle prêche depuis des années : il est temps de tourner la page. Mais c’est impossible. Entre ces murs, les plaies ne cautérisent pas. Elles se rouvrent et saignent jusqu’à ce que l’on en meure. Le véritable problème, c’est qu’elle a reçu des années et des années d’une formation qui l’a habituée à ruminer les pensées qu’elle tente d’enfouir au plus profond d’elle : la possibilité qu’elle ai cherché ce viol et qu’elle l’ai aimé. Ça l’écœure et elle ne peut supporter cette idée, il lui faut l’oublier au plus vite. Elle ne peut pas se permettre d’être l’une des leurs. De devenir l'un de ces zombies qu’elle materne sans espoir aucun, qu’elle assomme de médicaments en sachant bien que la plupart ne verront jamais le jour de leur rémission. Il y a une ligne à ne pas franchir. Elle est encore en vie, elle n’a rien à voir avec ses patients : elle est saine d’esprit. Ses sentiments sont peut-être vils mais ils sont normaux. Et, pourtant, elle ne sait pas s’il faut les enfermer dans une cage, ou s’il faut les objectiver. Elle sait bien qu’elle n’aura jamais le courage d’en parler à qui que ce soit. Elle préfère encore être cette victime que l’on toise avec pitié. Elle préfère encore endurer ces petites voix délicates, incertaines, qui tâtonnent et la saluent en essayant de lui faciliter les choses, de ne pas lui donner l’impression que sa situation a changé. Mais c’est le cas. Elle n’est plus qu’une victime. Il a fait d’elle une petite chose vulnérable et fragile, que l’on regard avec tristesse. Tous l’ont imaginé en train de la violer et ont senti leurs cœurs se soulever à cette pensée. Elle le sait. Elle le voit dans leurs regards, qu’elle doit néanmoins soutenir et auxquels elle doit répondre avec politesse. Comme elle le hait. C’est incommensurable. Elle se sent soulagée lorsqu’elle tente d’imaginer son cadavre pourrissant. Il est mort, il ne vit plus, ne consomme plus d’oxygène. La planète est libérée de son existence répugnante. Elle regrette de ne pas l’avoir tué elle-même. Elle ouvre les yeux. Non. Ça non plus, il ne faut pas le penser. Ces émotions sont dangereuses. Elle sait qu’il faut les adresser mais elle ne s’en sent pas la force. Un valium fera l’affaire. Toute cette rancœur, cette amertume et cette rage, il faut les sceller, les ranger au plus profond de son âme. Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place. Elle peut s’en sortir. You gotta dress for success. Si elle fait semblant d’aller mieux, tout finira par s’atténuer. Le traumatisme s’effacera avec le temps. Elle ne souffrira plus d’insomnies, de cauchemars ni de cette légère paranoïa octroyée par son PTSD. Sa mère parviendra à lui adresser la parole sans fondre en larme, et elle cessera de la haïr pour être aussi faible face à sa propre fille. Peut-être même que Thomas lui pardonnera, peut-être qu’il renoncera au divorce. Au fond, elle est soulagée que son père se soit suicidé. Elle est soulagée qu’il n’ai jamais pu avoir connaissance du calvaire qu’elle a enduré. C’est le genre d’image qu’un parent ne devrait jamais avoir à imaginer. Dieu n’existe pas, et son papa non plus. Il n’est plus qu’un tas d’os enterrés quelque part en Irlande. Au fond, tout n’est que biologie. Les peines n’ont que l’importance qu’on leur donne. Elle n’est pas obligée de souffrir. Du bout du pouce, elle chasse une larme du coin de son œil. Enfin, elle vient passer une main dans ses cheveux. Elle se recoiffe doucement, avec une délicatesse trop appliquée, et reprend son souffle dans le calme et le silence. Elle sera forte, elle vaincra. Il n’est pas trop tard. Pas pour elle. Elle en est persuadée.
Dernière édition par Alice Hall le Jeu 23 Mai - 21:06, édité 7 fois
Bienvenue à toi je dirais comme mes collègues super choix d'avatar, je la trouve sublime
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : six mois.
ÂGE : underco.
TROUBLE(S) : Syndrome de Capgras, crise de panique et de colère, apathie, sensibilité au bruit.
HORS JEU
PSEUDO : clumsy wanderer, Pauline
CREDITS : kidd.
MESSAGES : 24
Siam Dahl
I-D CARD
Sujet: Re: she walks in beauty Mer 22 Mai - 20:51
j'ai longtemps à prendre cintia, donc c'est vraiment un plaisir de la croiser ici. elle est parfaite dans ce contexte, je trouve. et puis l'âge, le pseudo (qui me fait irrémédiablement penser à annie hall, Woody ). le personnage m'a l'air très intéressant, hâte d'en lire plus et bienvenue. (non, je ne fais pas les choses dans l'ordre).
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : trois cent soixante six jours et des poussières
j'aime beaucoup ton choix d'avatar, moi qui ne suis pourtant pas une grande fan des têtes rousses, mais on ne peut pas lui enlever son charme .. ton personnage à l'air intéressant, j'ai hâte d'en découvrir davantage !
j'aime beaucoup ta façon d'écrire, de parler de son retour, et également l'histoire d'alice - tu me réconcilierais presque avec cintia d'ailleurs. j'aimerais d'ailleurs beaucoup un lien, avec l'un de mes trois comptes, par la suite. tu l'as donc compris, je te valide avec plaisir.