ORIGINE DE LA DEMANDE D'ADMISSION (ne cocher qu'une case, avec ✔ ) :
❒ patient lui-même ✔ famille, entourage ❒ service ou institution sociale ❒ police ou pompiers ❒ SOS médecin ou SAMU ❒ médecin de famille ❒ généraliste de garde ❒ psychiatre, psychologue privé
❒ patient venu seul ✔ famille ou ami ❒ personnel d'un service social ❒ personnel de secteur ❒ ambulance, VSL ❒ pompiers ❒ SAMU ❒ police ❒ autre (précisez)
DATE DE L’ARRIVÉE :
18/03/2013
HEURE DE L’ARRIVÉE :
16h53.
TROUBLE(S) IDENTIFIÉ(S) :
phobie d'impulsion et mutisme.
DEGRÉ DE DANGEROSITÉ :
menaçante pour les autres, risquée pour elle-même.
ESFIR ALEKSEÏ
par docteur wilson
Cela fait à présent deux mois qu'Esfir Alekseï a été admise à Giercliff sur demande de sa famille. La patiente n'a jamais parlé depuis son arrivée, ni au personnel médical, ni aux autres patients. Ses proches ont également précisé qu'elle ne parlait que rarement à l'extérieur et très peu dans le contexte familial, plus aisément à sa mère ; elle semble présenter un cas de mutisme électif. Ce trouble est apparu il y a quatre ans, à la même époque que ses troubles obsessionnels compulsifs remarqués par son frère. Ils ne sont que peu présents d'un ordre médical mais ont tout de même servis d'alertes répétitives pour la famille. L'évènement décisif a eu lieu le jour de ses vingts ans, tout d'abord lorsqu'Esfir a ouvert ses cadeaux et qu'elle s'est coupée avec le papier ; elle se serait immobilisée en fixant avec un sourire sa coupure. Puis lors de la découpe du gâteau où elle a regardé intensément le couteau, ne semblant plus entendre sa famille lui crier après et l'approchant dangereusement de sa gorge. En demandant plus de précisions et de descriptions du quotidien d'Esfir, puis en l'observant régulièrement au sein de l'hôpital, j'ai pu établir le diagnostic suivant ; la patiente est atteinte de phobies d'impulsion. Son état émotionnel semble en souffrir, d'apparence sereine et calme, c'est un constant dilemme auquel elle doit faire face intérieurement ; il est arrivé déjà plusieurs fois depuis son arrivée de faire des crises d'angoisses. Une certaine peur semble la dominer, loin d'être encore soumise sa conscience lui dicte encore la différence entre ce qu'il faut et ne pas faire. Elle développe également un isolement flagrant envers les autres, de part son mutisme évidemment, mais aussi de manière physique, refusant le moindre toucher. Elle semble s'être construit un mur, mais il est encore difficile de définir s'il l'isole plus fermement dans ses craintes ou, au contraire, la protège. Il est en effet extrêmement compliqué de déterminer avec précision les causes et états de la patiente puisqu'elle semble refuser toute aide extérieure ; son enfermement constant l'en empêche. Il faudra très certainement de longs mois avant d'obtenir un brin de confiance de sa part et user de stratagème pour y arriver ; l'approche frontale semble être à exclure. Cependant, bien qu'elle ne parle pas, elle entend et comprend parfaitement ce qu'on lui dit. Elle peut parfois être "ailleurs", regardant autre part, et d'autres fois fixer intensivement son interlocuteur, presque comme si elle cherchait à percer son esprit. Il apparait même qu'elle adapte son attitude suivant l'endroit ainsi que les personnes avec qui elle se trouve ; ceci est un point sérieux à surveiller. Esfir Alekseï représente un danger pour elle-même ainsi que pour son entourage, et bien que les possibilités de passer à l'acte sont très faibles, il est recommandé d'établir une constante surveillance. La seconde recommandation est de cibler le travail d'analyse sur le long terme dans le but de trouver la cause de l'apparition de ses maladies, c'est en trouvant la cause qu'il sera possible d'établir une solution.
ANGEL*
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DIX-NEUF ANS
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TERESA OMAN
et elle pense. sans cesse, n'a de cesse, ces pensées. qui volent, s'envolent et virevoltent. qui s'égare, dans la gare, d'une ville qui lui est hostile. elle le veut, elle le peut, mais ne peut, parce qu'elle ne le veut. une contradiction, une scission, entre sa raison et son impulsion. et elle pense.
Dernière édition par Esfir Alekseï le Ven 17 Mai - 13:50, édité 7 fois
Si légère et aérienne, tu t'envoles avec le vent qui te porte, qui t'emporte, au loin vers les nuages, vers ce paradis. Dis ! Dis-moi, toi qui étais libre, parle-moi de rêves et d'espoir, décris-moi ces sensations voluptueuses qui te dévorent, montre-moi la joie qu'il est possible de ressentir. Tire-moi de là, lasse d'être ici, cisaille-moi les entrailles pour me délivrer de la vie. Mais, tu n'es qu'une plume, une douce plume innocente qui ne peut blesser, qui ne peut heurter, tu n'es que réconfort dans ce monde de brutes, délicatesse au creux de mon cœur, velours sur mon âme. Ton destin est pourtant brisé. Ruinée, saccagée, massacrée, tu es tout autant prisonnière que moi dans cet endroit, ensevelie sous les décombres d'une envie que tu n'as pu assouvir, que tu as à peine entrevu. Ô plume, tu aurais dû perdurer dans les airs et tu te retrouves à terre, cloîtrée à l'intérieur d'un tissu, majestueuse devenue un stupide oreiller. Les pensées d'Esfir forment un discours où la réalité semble s'être évadée, l'absurdité domine son esprit alors qu'elle est assise en tailleur sur ce qui lui sert de lit, fixant intensément ce simple traversin qui lui insuffle pourtant d'incompréhensibles idées. Elle divague, seule dans sa chambre, elle occulte tout bruit extérieur qui l'empêcherait d'être sereine et se concentre sur ses envies. L'envie de délivrer la plume. Sa gorge est endormie depuis le temps qu'elle n'a plus parlé, elle aurait certainement une voix rauque abominable si elle essayait d'émettre quelconque son, mais la voix de son esprit est pourtant toujours aussi fluette et délicate que son timbre était auparavant, comme si elle était encore innocente, à l'abri des tourments qui accablent réellement Esfir. C'est peut-être pour cela qu'elle écoute avec attention ses dires, qu'elle se sent obsédée par l'envie de les réaliser ; pour satisfaire la voix, la vraie voix d'Esfir, pour être certaine qu'elle ne s'en aille pas, qu'elle ne s'éteigne pas en même temps que la lueur de bonheur qui étincelait autrefois dans ses yeux. Esfir ne veut pas se perdre, la voix est son point de repère, la seule chose qui ne l'ai pas encore trahie, qui ne lui ai pas menti ; car tout ce qu'elle dit est vrai. C'est absolument réel, la prison de cette plume, de ces dizaines de plumes condamnées à être enfermées. C'est monstrueux, elles devraient être à l'air libre, pouvoir respirer un air pur ou s'envoler dans le ciel, aussi haut qu'il soit possible d'aller. C'est là leur place, LEUR PLACE ! Et elle sent le tissu se déchirer sous la hargne de ses doigts frêles, ses ongles griffer les centaines de fils de coton qui enferment ces pauvres innocentes. Elle entend le bruit symbolique de la déchirure, la cassure qui signifie la délivrance. Ses yeux brillent devant la beauté de toutes ces plumes blanches qui sortent de leur cachot, qui sautent de joie et qui viennent la remercier en glissant lentement le long de son corps pour atterrir en cercle autour d'elle. La finesse qui effleure son épiderme la fait frissonner de plaisir, la rend heureuse. Elle a cédé à son impulsion et c'est une certaine libération pour elle aussi, un bien-être incroyable l'envahit. Mais Esfir n'a jamais cessé d'être assise en tailleur sur son lit, n'a jamais arrêté de fixer son oreiller, et lutte contre cette envie qui brûle ses entrailles parce qu'elle a peur. Esfir a peur de ce qu'elle peut faire.
Dernière édition par Esfir Alekseï le Ven 17 Mai - 13:54, édité 2 fois
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : DEUX ANS.
ÂGE : VINGT-ET-UN ANS.
TROUBLE(S) : DÉPRESSION, TENTATIVES DE SUICIDE RÉCURRENTES, AUTOMUTILATION.