légère cicatrice au dessus de la lèvre, à droite. Tendance à chiquer. Et lorsque c'est interdit, il mâchonne un chewing-gum. Parfum menthe – toujours. Certains tocs nerveux lorsqu'il est mal à l'aise ; jambe droite qui s'agite, phalanges qui tapotent, mâchoire qui se crispe. Prédisposition incontestable à l'oubli d'objets divers et variés derrière son passage. Son métier l'oblige donc à se retourner une dernière fois lorsqu'il quitte une pièce, veillant à ne rien laisser trainer ; epic fail s’élevant à 12% en général. C'est à s'en choper des torticolis.
GIERCLIFF
par Phineas Sands
On m’a dit « Ils n’hurlent pas, ils chantent. » On m’a dit « Ils ne frappent pas, ils dansent. » Je les ai regardés, ces têtes de pioches en lunettes et costards, et j’me suis permis de leur faire noter « Les gars. Ils sont tous tarés, point final. » J’avoue, je ne suis pas politiquement correct. Entre nous, j’en ai rien à foutre. J’ai pas de diplôme encadré au dessus de mon bureau. En fait, j’ai même pas de bureau. Si mon métier me plait ? J’en sais rien. Quand j’étais gosse, je voulais être gardien de zoo, alors j’imagine que pour le coup, je devrais plutôt être ravi. Vous méprenez pas, c’est pas de l’irrespect. J’imagine que je dois être trop plouc ou trop écervelé pour arrondir les bords. Si je vois un mec tapisser sa cellule avec sa propre merde, je vais pas dire qu’il s’exprime en art conceptuel. Je laisse ça aux blouses blanches et à leurs carnets de notes. Si ça peut rassurer quelqu’un d’expliquer l’inexplicable, tan mieux. Moi en attendant, j’vais aller dire à Picasso que « C’est pas bien. C’est vraiment pas bien. » Il va intégrer le concept durant trois minutes et dix secondes, et puis recommencer, cette fois avec sa pisse.
PHIN
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MICHAEL FASSBENDER (THE SHARK)
La nuit je fouille les no man's lands Comme un hibou décérébré Cherchant le message d'un Atlante Ou la formule d'un initié.❞
Dernière édition par Phineas Sands le Sam 15 Juin - 17:37, édité 4 fois
Sujet: Re: BIPÈDE À STATION VERTICALE Jeu 13 Juin - 1:18
All mad here
Dans ma piaule rien ne bouge. À la lueur d’une lampe à basse consommation, je feuillette un magazine. Je crois qu’au fond, ce que me racontent les articles importe peu. J’ai juste envie d’entendre ma voix clapoter contre les parois de mon crâne. Ça apaise ma solitude, d’entendre les syllabes rouler et s’échouer. De temps en temps, songeur, je réajuste l’épais oreiller derrière ma nuque ; affalé dans le lit sans grâce ni prestance. Je tourne une page, et le bruit de la feuille dérange le silence. C’est plutôt calme, ce soir. Le couvre feu est passé depuis une bonne demi-heure, et le bâtiment entier a l’air de ronfler dans sa nuit sans lune. Je sais que c’est assez faux. À Giercliff on ne dort pas, on veille. Mon bras gauche se déplie, et laisse ma main libre tapoter distraitement sur la table de chevet, à la recherche du sandwich déposé dans son assiette. Je ne quitte pas des yeux la page des petites annonces, tandis que, arachnéennes, mes phalanges agrippent la ripaille. Je rapproche de mes lippes le condiment, mord à pleine bouchée, et ricane comme un gosse devant l’une des publications. "Dame 55-60 ans sachant traire est demandée chez monsieur seul." Je secoue ma tignasse courte, et sous les saccades hilares, un bout de sauce s’écrase sur mon t-shirt gris. Toute entreprise de divertissement est immédiatement stoppée, tandis qu’un juron gaélique s’échappe de mon gosier. Le périodique est lâché sur les draps défaits, et j’me redresse dans un long râle de bagnard. Ça me fait franchement chier. Ce n’est qu’une tâche, je le sais bien, mais elle idéalise parfaitement toute la besogne de ma longue et interminable journée ; je suis claqué. La flemme s’enlise dans mes tripes et, désinvolte, je retire la scène de crime made in china que je lance à travers la pièce. Le t-shirt atterrit sur une chaise en osier, déjà envahie par une petite pile de fringues sales. Debout sur mes deux jambes, je reste un instant figé au milieu de la chambre. Mes coudes se redressent, et la paume de mes mains s’accroche à mon cou, tirant de plus en plus vers le bas alors que ma tête s’affaisse en arrière. Trois mois que je suis ici, et je n’arrive toujours pas à m’y faire. Être enfermé de la même manière que les patients. Mon matelas n’a pas de sangles, et le confort vaut celui d’un palace en comparaison aux cellules, mais il y a des soirs, comme ça, ou je crois n’être qu’un chien verrouillé au chenil. Ma nervosité m’a donc imprimé une bien étrange habitude. Quel que soit le temps, ou la température, ma fenêtre est toujours ouverte. À peine, ou totalement, peu importe. J’ai besoin de sentir l’oxygène s’inviter dans mon cloitre isolé. Une brise venue du monde extérieur, qui tempère ma claustrophobie. Depuis 20h30 environs, les grillons n’ont pas cessés de jacasser. Une véritable cacophonie qui emplit l’atmosphère. Je crois bien qu’il n’y a qu’ici, que ces insectes braillent autant. J’me dis parfois qu’ils doivent être fous, eux aussi, internés dans le parc comme des beaux diables hystériques. Mes pieds nus s’avancent sur le vieux plancher, et mes bras retombent pour laisser mes mains s’enfoncer dans les poches de mon jogging. Je m’approche du rebord, et respire à pleines bouffées l’aquilon clandestin. Par dessus l’orchestre régulier des grillons s’élève doucement une rumeur. Lente mais persistante. Des éclats de voix et des plateaux métalliques que l’on renverse sur du carrelage. Mes sourcils se froncent et ma figure male rasée s’avance avec lenteur par-delà la fenêtre ouverte. Je tends le cou, le tord, et mes pupilles claires attrapent à la volée une ombre furtive qui se déplace rapidement derrière les quelques baies vitrées de la salle des visites. La situation me paraît évidente. Et comme pour attester mes doutes, sur le bureau grésille mon talkie-walkie de service. La voix de Walter, déformée par les ondes, m’appelle dans le vide. J’attrape l’objet, le serre avec une habitude déjà formée, et communique quelques courts instants avec lui. C’est Lucy. La petite Lucy. Haute comme trois pommes et la trogne d’une orpheline. Elle est pourtant majeure, mais pas sûr qu’elle soit vaccinée. Parce que Lucy, y’a des soirs comme ça, elle a la rage. Walter me dit « Elle remonte au premier. » la voix saccadée et haletante. Je lance « Okay. » enfile en vitesse un sweat, le talkie-walkie toujours greffé dans ma main, et déboule de l’appartement en claquant la porte dans mon dos. Je dévale les marches et m’écorche la voute plantaire trois à quatre fois. J’ai oublié mes godasses parce que Lucy accapare mes pensées. De l’identique manière que les grillons, elle vocifère sa présence dans mon esprit. Il faut faire vite. C’est pas qu’elle soit dangereuse. Pas pour les autres en tout cas. Mais j’ai pas envie qu’elle croise la mauvaise personne. Après le couvre-feu, tout change plus ou moins ; les silhouettes se confondent et un accident est vite arrivé. Le pire, c’est que je ne pense même pas aux aliénés purs et durs. Je pense aux flics qui peuvent faire du zèle passé 22h, au détour d’un couloir. C’est pas comme si c’était nouveau. Premier étage. Je reste en communication avec Walter, qui apparaît finalement à l’autre bout du couloir avec deux autres surveillants. Ils ont couru comme des lévriers, et jettent des regards alertes de droite à gauche. Je ne peux m’empêcher un vague sourire. Sacrée Lucy. Des cris retentissent. D’abord un, comme un appel monosyllabique. Puis deux. Longs et gémissants. Je me précipite vers l’épicentre d’un tel barouf, Walt et les autres suivant de près. La voilà, la jolie fleur sauvage. Dans sa tenue défoncée par des accroches et des déchirures. Les cheveux sombres et longs en bataille, trempés par endroits de sueur et de je ne sais trop quoi d’autre. À genoux comme Marie, qui tente avec ses petits poings de massacrer la lourde porte scellée de la salle commune. Il y a clairement de l’exaspération. Une forme profonde de frustration, qu’on ne la laisse pas poursuivre sa cavalcade. Je m’arrête et intime d’un geste que l’on m’imite. En temps normal, ma faible et courte expérience dans cet établissement me fait passer après tous les autres. J’ai beau avoir des rides et m’approcher de la quarantaine, les anciens sont aux commandes. Peu importe le nombre de poils gris pendouillant sur le menton. Mais je suis l’un des rares à pouvoir approcher Lucy. Je peux même avancer la prétention de parvenir à la calmer. Je n’l’ai absolument pas choisi. Ça s’est fait comme ça. Je ne sais pas vraiment si je le regrette, ou si je m’en accommode. Je crois qu’elle me bouleverse, comme à peu près toutes les âmes errantes de Giercliff. Je dois normalement rester professionnel – et c’est le cas – mais de temps en temps, c’est plus fort que moi, je transgresse la limite sordide et glaciale que je suis censé respecter. Patient et employé. Foutaises. Ils ont beau s’encrasser de toutes les manières possibles, ils restent quand même des humains. Des humains apeurés, dangereux, destructeurs … qu’importe. Des humains. Et je ne suis ni une machine, ni une arme d’auto-défense. C’est pour ça que, des fois, je chante un truc à la gosse. Un truc qui la rassure, et détend ses muscles. Ce ne sont ni des pilules, ni des ordonnances. J’lui fredonne Lucy in the sky et elle croit l’espace d’un fébrile moment être unique au monde. Walt me fait signe. J’acquiesce. Mes pieds se remettent en mouvement, avec une lenteur de félin. Je me mets à marmonner le refrain des Beatles, et le corps fluet s’écroule de plus en plus. Pour ne former en fin de compte qu’un petit tas bleu. Je marque une courte pause, et observe par dessus mon épaule. Les autres sont tendus comme des élastiques. Si elle nous échappe à nouveau, c’est repartit pour un marathon. Et de longues explications à fournir sur le pourquoi du comment à l’administration. Je décide d’en finir. Confiant, je me rapproche. Ça me paraît assez important – voir même primordial – de le faire avec un naturel déroutant. J’ai l’air de passer par là, et de la voir au dernier moment. Lucy n’a pas l’impression qu’on la traque, ni même qu’elle est l’objet d’une intense vigilance. Je me baisse, la prend avec douceur dans mes bras et la relève. Elle reste figée, recroquevillée. Et finit par se débattre. Je resserre derechef ma cage de muscles autour d’elle pour former un contenant. Une sensation de coffrage analgésique. Sa petite masse finit par s’écrouler contre mon torse, et on reste un moment comme ça, dans le silence réintégré.
Je lève mon regard vers Walter, et lui signifie d’y aller. Il se rapproche en quelques foulées rapides et plante dans la nuque de Lucy une seringue d’anesthésiant. Je dois normalement rester professionnel.
Et c’est le cas.
Dernière édition par Phineas Sands le Sam 15 Juin - 12:45, édité 3 fois
Sujet: Re: BIPÈDE À STATION VERTICALE Jeu 13 Juin - 12:50
JILL-SAÏ ; J'avoue avoir été étonné de ne pas voir sa trombine dans votre bottin. Mais bon, j'vais pas me plaindre, c'est que du bon pour moi. C'est marrant mais, toi, me dire qu'on va s'amuser + TROUBLE(S): NYMPHOMANIE, SCHIZOPHRÉNIE, CANNIBALISME, SATANISTE, j'ai comme un affreux pressentiment. *sort les sangles et les cadenas* Viens par ici vilaine fille. (vos emots sont … xD )
SPENCER ; Merci à toi ! ( sympa la douche d'hémoglobine )
ESFIR ; Thanks ! Oui, je préfère boucler ça en une nuit, sinon j'me connais, ça trainasse et s'entasse.
DYLAN ; Mercieuh.
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : CINQ ANS.
ÂGE : VINGT-TROIS ANS.
TROUBLE(S) : borderline à tendance psychopathe. phobie sociale entraînant agressivité et misanthropie. (auto)destruction sous n'importe quelle forme.
Sujet: Re: BIPÈDE À STATION VERTICALE Jeu 13 Juin - 13:04
fassbender + ta manière d'écrire = :coeur:j'ai adoré tout ce que j'ai lu et le pseudo est sublime. c'est pas mal d'avoir un surveillant aussi sexy. :ha:sinon, bienvenue et tout le blabla habituel. have fun !
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : DEUX ANS.
ÂGE : VINGT-ET-UN ANS.
TROUBLE(S) : DÉPRESSION, TENTATIVES DE SUICIDE RÉCURRENTES, AUTOMUTILATION.
Sujet: Re: BIPÈDE À STATION VERTICALE Jeu 13 Juin - 13:42
Phineas Sands a écrit:
JILL-SAÏ ; J'avoue avoir été étonné de ne pas voir sa trombine dans votre bottin. Mais bon, j'vais pas me plaindre, c'est que du bon pour moi. C'est marrant mais, toi, me dire qu'on va s'amuser + TROUBLE(S): NYMPHOMANIE, SCHIZOPHRÉNIE, CANNIBALISME, SATANISTE, j'ai comme un affreux pressentiment. *sort les sangles et les cadenas* Viens par ici vilaine fille. (vos emots sont … xD )
Un affreux pressentiment ? Tu es tellement dans le vrai J'arrive, j'arrive, prépare toi
Sujet: Re: BIPÈDE À STATION VERTICALE Jeu 13 Juin - 15:54
mon dieu, fassbender, mon fantasme à l'état pur, je suis folle de ce mec, il est tellement... je t'aime déjà, ouais je crois que suis amoureuse... et pire encore, ta fiche. bref, je te souhaite la bienvenue sur le forum.