ORIGINE DE LA DEMANDE D'ADMISSION (ne cocher qu'une case, avec ✔ ) :
❒ patient lui-même ❒ famille, entourage ✔ service ou institution sociale ❒ police ou pompiers ❒ SOS médecin ou SAMU ❒ médecin de famille ❒ généraliste de garde ❒ psychiatre, psychologue privé
❒ patient venu seul ❒ famille ou ami ❒ personnel d'un service social ❒ personnel de secteur ✔ ambulance, VSL ❒ pompiers ❒ SAMU ❒ police ❒ autre (précisez)
DATE DE L’ARRIVÉE :
2/07/13.
HEURE DE L’ARRIVÉE :
6:55 a.m.
TROUBLE(S) IDENTIFIÉ(S) :
troubles bipolaires, épisodes psychotiques brefs.
DÉLIT(S) :
/
DEGRÉ DE DANGEROSITÉ :
outre ses délires passagers, zadig n'est finalement un danger que pour elle-même.
zadig fitzgerald
par docteur wilson
patient numéro 321, dix-neuf ans, sexe féminin. Transférée des urgences suite à un accident de la route dans la nuit du 29 mai 2013. Apparition d'épisodes psychotiques à caractères hallucinatoires et potentiellement dangereux suite à un caillot apparu dans le cerveau. Inopérable. Suivi sur le mouvement du caillot en question à effectuer régulièrement.
Extrait du rapport de l'urgentiste joint au dossier : « nous avons retrouvé la patiente au milieu de la route, dans la nuit de ce jeudi 29 mai, à 3h57. Le diagnostic physique la présentait comme miraculée : trois côtes fêlées, un poignet foulé, un traumatisme crânien et une cheville cassée. Cependant, au cours des jours, nous n'avons pu joindre la famille fitzgerald. Les seuls personnes répondant à ce nom ont déclarés ne pas avoir de fille. Certains patients résidents dans le même couloir de mademoiselle Fitzgerald se sont plains de cris incompréhensibles, Mademoiselle Fitzgerald présentait un caillot logé dans son cerveau lui provoquant des délires psychotiques hallucinatoires dans un état de semi-conscience. Nous avons donc demandé une évaluation psychologique qui aurait décelé des troubles bipolaires, ou troubles maniaco-dépressifs, non-traités. Une hospitalisation dans un endroit spécialisé est requise au plus tôt. »
Au vu des premières observations, Mademoiselle Fitzgerald ne semble pas se rendre compte ni de l'endroit où elle se trouve, ni admettre souffrir d'un trouble psychiatrique. Elle n'est pas internée depuis assez longtemps pour en venir à des conclusions abouties, la patiente refusant toute forme de traitement, nourriture, comme si elle avait renoncé à ses fonctions vitales. Le trouble semble être présent depuis si longtemps qu'elle a du l'adopter et l'assimiler comme une normalité, un aspect de sa personnalité sans en voir le mal. Sans contact avec la famille ou personne extérieure la connaissant, il sera difficile de construire une thérapie dans l'immédiat. Mademoiselle Fitzgarld devra tout d'abord passer l'état pots-traumatique dans lequel elle se trouve avant de pouvoir envisager une quelconque tentative de guérison. La patiente reste dans un état de déni et de refus. Étant arrivée sous sédatifs, elle était inoffensive mais les délires hallucinatoires semblent être une menace pour elle et pour les autres au vues de leurs dernières manifestations. La patiente ne semble pas se rendre compte de ses actes ou ces gestes durant ces épisodes et une surveillance seraient de mise, le déclenchement de ses épisodes restant inconnus et hasardeux.
KOZMIC BLUES
-
18
-
NASTASSIA LINDES
mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer. Rimbaud, la bateau ivre.
« Il y a en moi plus de confusion et de chaos que l'âme humaine ne devrait en supporter. Vous trouverez en moi tout ce que vous voudrez. Je suis un fossile des commencements de ce monde, en qui les éléments ne se sont pas cristallisés, en qui le chaos initial s'adonne encore à sa folle effervescence. Je suis la contradiction absolue, le paroxysme des antinomies et la limite des tensions ; en moi tout est possible, car je suis l'homme qui rira au moment suprême, à l'agonie finale, à l'heure de la dernière tristesse. » emil cioran.
Hormis les longues nuits d'agonie, me semblant toutes plus régulières, cauchemardesques et chimériques les unes que les autres, je ne reconnais rien. C'est une sorte de renaissance, une renaissance des les gouffres de l'enfer et Cerbère est partout. Les murs font semblant de trembler, le coeur qui palpite, le cerveau qui fond, la raison qui s'fait la malle, l'estomac qui se soulève et de la bile enlacée au sang qui s'éjecte. Je n'ai pas ma place ici, mon dernier souvenir qui ne s'éprend pas dans le brouillard des abîmes de ma mémoire, est celui d'avoir voulu danser. Le bonheur éphémère me portait le cœur, comme une vagabonde entre les lampadaires, et ces deux grands yeux, ces lumières si douloureuses, comme deux aiguilles venant s'enfoncer inlassablement dans mes iris. Le démon en personne.
Il y a eu ces murs blancs, ces personnes en blancs, ces bandages. L'incompréhension totale. J'avais sans doute voulu valser avec la faucheuse et comme punition, elle m'avait embarquée dans la plus terrible des utopies, cet endroit aseptisé où on vous demande sans cesse comment vous allez. Que répondre ? Bien ? Mal ? Les deux ? L'envie de fumer et seule la morphine était à disposition. Et ces cris nocturnes qui ne m'appartenaient pas, ces rages destructrices de tout flaquer en l'air, de passer par la fenêtre, je voyais les couleurs et la musique du silence me faisait trembler de tout mon être. Un enfer en interne. C'était moi qu'il avait décidé de faire interner, dans mon sommeil.
Ici, tout me semble étranger depuis une semaine. Je ne reconnais que ces béquilles qui m'accompagnent et les quelques membres du personnel nous surveillant. Dans un éclat de lucidité, j'avais tout oublié. Il ne me restait qu'un nom, dont la provenance ne m'était plus familière, dont la recherche ne m'importait plus. Je me sens enfermée entre quatre murs, et pire encore, entre moi-même. L'échappatoire n'existe plus. Il n'y a plus rien. Le néant. Comment penser au devenir lorsque être nous est insupportable ?
Tous les jours, j'observe, une routine qui me donne envie de hurler à l'apocalypse, à la démence, la destruction la plus parfaite. Un cri déchirant l'air trop plat, une pâle imitation de métal symphonique, les notes encrées dans une partition de folie. Noir sur blanc. Il n'y a de place que pour les gris, riche de nuances auxquelles nous sommes aveugles, nous sommes des chiens qui se bouffent la queue, croyant pouvoir se nourrir de notre chair. Croyant nous suffire, ô êtres complaisants et abjects que sont les humains. Le pire est sans doute de faire partie de cette race, écœurante. J'aurais aimé être un robot. Nous avons tant de points communs avec eux, ce rythme réglé par la peur de notre mort, cette fatalité. On se lève le matin sans trop savoir pourquoi, on va travailler, sans trop savoir pourquoi, on rentre, la boucle est bouclée. On s'allume une clope. « J'aurais mieux fait de rester couché ce matin ». Répétition de la séquence.
On scande qu'on trouvera des réponses, des solutions, mais le monde continue de tourner. En rond. Dans une valse éternelle qui jamais ne cesse de nous faire tanguer entre les atrocités que nous tentons de plus commettre. C'est dans la nature de faire mal. C'est ancré dans la mienne. Je détruis ceux qui m'approche d'un peu trop près, ceux qui brisent le mur que j'ai tant peiné à bâtir. Comme Midas transformait tout ce qu'il touchait en or, à ses dépends, je transforme les bonnes choses en cendre, s'évaporant dans un air déjà trop pollué, donner un coup de main à l'auto-destruction planétaire, un joyeux mouvement de groupe dans lequel on s'unit, pour une fois. Après tout, la mienne est déjà terminée. J'ai le cœur en deuil de ma piètre personne.
Mon cerveau est atteint, noir, et tout mon organisme est pourri jusqu'à la moelle, jusqu'aux entrailles. Il fait toujours nuit quand j'ouvre mes yeux, je rêve et me réveille dans un cauchemar depuis vingt ans. Il n'existe qu'une maladie imperceptible dont l'humain ne se rend pas compte, il construit un enfer duquel on ne peut sortir, il n'est question que d'une simple chose qui nous implose peu à peu jusqu'à l'hémorragie interne et dont le remède n'est aucunement envisageable. J'vis avec ce putain de virus : moi-même.
Je tangue, tiraillée entre ce qui me semble être deux personnes totalement différentes. Dans mon abattement, je sens ces poussées de fanatisme, revigorée d'une énergie inconnue, j'ai alors l'envie de bien, de bien faire, de bien ordonner les choses, de bien ordonner ce qui se passe dans ma tête, de sortir mes cauchemars du brouillard. Tout me dégoûte par sa saleté et il me prends l'envie de me désinfecter dans un putain bain de javel. Et tout retombe, part aussi vite que l'élan m'a propulsée en dehors de moi. Et c'est une fatigue infinie qui m'empare. J'ai la personnalité en encéphalogramme.
Nous vivons dans un individualisme affligeant. Nous taisons les sentiments, abattus par les balles de nos esprits. Je me sens écorchée-vive par la vie, une entaille au cœur qui ne peut se soigner, saigne à chaque battement que l'on prie pour être le dernier pour rendre la souffrance muette. Les jours passent nourris par la douleur incessante des minutes qui s'écoulent. Le temps n'est qu'une notion abstraite, chaque nuit s'éternise dans la solitude, chaque seconde s'efforce de finir pour nous soulager. Il n'y a là qu'un effet placebo qui se cache implicitement entre les bouffées de cigarette. On savoure son cancer avec la flamme du briquet qui incendie nos vies déjà si courtes et si longues. Dans l'ombre, rien ne finit et rien ne commence, c'est un cercle vicieux infini de pensées, d'émotions, de vécu et de larmes. Nostalgie, douleur, bonheur, névrose, stress, rage, amour. Dès que notre seuil de tolérance est atteint, le programme crashe dans nos circuits internes et nous effaçons ce « trop » de nos esprits par d'éternels sanglots. Je ne peux plus pleurer, je ne peux plus m'évader, évacuer, m'échapper, évincer cette abondance. L'impuissance.
Giercliff. Giercliff et son odeur funeste. Excepté les travaux, disons-le franchement, forcés, je cherche le plus possible à ne pas quitter ma chambre. Bien que ce ne soit pas un paradis sur terre, une fois la porte passée, c'est une mascarade qui commence, un semblant de sécurité surfait quand le danger réside en nous. C'est comme d'être épié constamment de sortir de son lit, on sent le regard des infirmiers, des patients, et la lumière devient si pâle, le soleil ne brille plus autant qu'avant. On s'enferme dans un ailleurs menaçant, précaire, le temps se suspend et le peu de mes sorties consistent à raser les murs dès que l'occasion se présente, à ne pas piper un mot et ne pas manger un morceau, dans l'espoir que ma présence indésirable le devienne trop, qu'on m'envoie au loin de ces murs et ces grilles morbides, ou mieux encore, que je m'envoie à la mort, dans cette doute berceuse. Que mon état de faiblesse dans lequel je plonge tendrement soit ma carte de sortie. Que peut-on soigner quand les maux n'existent pas ? Qu'attendre de plus ici que la mort ?
Dernière édition par Zadig Fitzgerald le Dim 9 Juin - 16:38, édité 4 fois
Je ne suis pas fan de Nastassia mais, ton avatar est très beau, j'aime également beaucoup ta signature. En tous cas, j'ai hâte de te lire et si jamais tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas. Bienvenue parmi nous.
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : six mois
ÂGE : 27 ans
TROUBLE(S) : Prétendue bipolaire à tendances nymphomane
PS : J'avais déjà préparée ma fiche - démasquée - alors je tiens à prévenir que je sais n'avoir pas trop épilogué sur la vie "passée" de Zadig ni sur son trouble, mais je préfère exploiter tout cela en rp, comme les troubles maniaco dépressifs peuvent être très irréguliers, comme des mois de dépression, et une heure d'un épisode maniaque, ou l'inverse, donc je trouve cela plus intéressant à ne rien dévoiler dans la fiche là-dessus. Voilà, c'est fait exprès, c'est normal, rassurez-vous je sais de quoi je parle en ce qui concerne ce trouble, l'ayant déjà observé chez des personnes
BIENVENUE A GIERCLIFF
PRESENCE : DEUX ANS.
ÂGE : VINGT-ET-UN ANS.
TROUBLE(S) : DÉPRESSION, TENTATIVES DE SUICIDE RÉCURRENTES, AUTOMUTILATION.
J'ai repéré quelques fautes, que tu trouveras dans le spoiler, il faudrait les corriger.
Spoiler:
« Il y a eu ses murs blancs, ses personnes en blancs, ses bandages. » « elle m'avait embarqué » « Et ses cris nocturnes qui ne m'appartenaient pas » « Tout les jours » « un pâle imitation » « Je tangue, tiraillé » « Je me sens écorchée-vif par la vie »
Après, je t'avoue avoir tout particulièrement aimé cette phrase : « Comment penser au devenir lorsque être nous est insupportable ? » Par contre, voilà, il manque un petit quelque chose : une anecdote se passant à Giercliff et montrant assez explicitement sa façon d'agir entre les murs de l'hôpital, pour que l'on puisse juger de son adaptation au sein des autres patients. Une fois les quelques fautes corrigées et ça fait, je pourrais te valider.